La présidente du Medef Laurence Parisot a affirmé tout début Janvier que le déficit de compétitivité des entreprises en France face à l’Allemagne avait une composante psychologique, en regrettant les complexes de certains industriels face à leurs rivaux d’outre-Rhin.
LE MENTAL ET LA COMPÉTITIVITÉ DES ENTREPRISES
Aux différentes composantes de la compétitivité, il faudrait en rajouter une autre, « la compétitivité psychologique », a souligné la dirigeante de la principale organisation patronale française, invitée de l’émission « Internationales » de RFI/TV5Monde/Le Monde. « Il me semble que ce qu’il nous manque le plus aujourd’hui, c’est cette dimension mentale, c’est de dire que nous allons faire le travail nécessaire pour que nous soyons de nouveaux les leaders… ». « Si la France souffre d’un coût de production beaucoup plus élevé que celui de l’Allemagne, elle bénéficie désormais d’un crédit impôt-recherche « le plus attractif au monde », a-t-elle fait valoir. Elle a aussi noté qu’une étude récente montrait les progrès réalisés par les industriels français en matière de contenu technologique de leurs produits.
Mme Parisot souligne donc un problème mental qui freinerait la compétitivité des entreprises Françaises par rapport à nos voisins Allemands alors que des moyens ont été actualisés d’une part, et d’autre part, l’évolution des ressources est aujourd’hui reconnue.
- Et si ce manque psychologique s’étendait à tous les secteurs entrepreneuriaux ?
- Et si ce manque psychologique était l’origine de nos limites économiques ?
- Et si ce manque psychologique était la source de l’état de santé sociale actuelle ?
Cette extrapolation n’est peut-être pas si usurpée que ça… Mais avant tout, peut-être devrions-nous clarifier le mot « mental », terme général qui nous permet de situer notre échange mais qui peut également être source de mauvaise interprétation et donc de non compréhension. Le mental est l’ensemble de nos pensées qui génèrent des émotions et qui induisent à leur tour des comportements.
Pour faire simple, prenons un exemple : On me dit quelque chose qui me rend agressif. L’agression est le comportement induit par de la colère, l’émotion, qui est à son tour générée par une interprétation mentale de la situation, fruit de nos pensées. La réaction comportementale peut-être instinctive, automatique, sans passer par notre conscience qui nous permettrait de réguler nos agissements. On parle alors d’automatismes issus de nos pensées récurrentes qui se sont ancrées en nous, un peu comme notre manière de conduire qui est un peu plus automatique que lors de notre apprentissage. D’un côté, cela a l’avantage de nous permettre d’exécuter d’autres tâches et de pouvoir enchaîner sur d’autres, et d’un autre côté, le désavantage de nous comporter de manière automatique, mécanique et limitée à nos apprentissages.
LE MENTAL PEUT FAIRE LA DIFFÉRENCE
Mais revenons après ces brèves explications, à ce qu’entend Mme Parisot à propos du mental des Français :
« Il me semble que ce qu’il nous manque le plus aujourd’hui, c’est cette dimension mentale, c’est de dire que nous allons faire le travail nécessaire pour que nous soyons de nouveaux les leaders… » En regrettant les complexes de certains industriels face à leurs rivaux d’outre-Rhin.
La présidente du MEDEF semble donc évoquer que la différence avec nos amis germaniques se fait sur le plan humain, sur le plan mental et plus particulièrement peut-être sur cette envie, cette conviction, cette volonté, cette énergie de combativité pour être à nouveau des leaders en export. Alors, si les comportements sont le fruit de nos pensées, quelles sont les pensées des exportateurs Français qui engendrent ce complexe ?
- Quelles sont les pensées qui ne leurs permettent pas de se dire qu’ils vont faire le travail nécessaire pour redevenir les leaders ?
- Quelles sont les pensées qui nous empêchent de croire ?
- Quelles sont les pensées qui nous fragilisent au point de manquer de volonté ?
- Quelles sont les pensées qui ne nous donnent pas cet esprit de combativité ?
Je vous laisse répondre à ces questions mais ça me paraît assez logique quand on se penche de près sur les pensées dominantes de la société actuelle et qui influencent forcément les entreprises :
La défense des acquis, la crainte d’insécurité, la remise en question permanente, l’insatisfaction récurrente, la non confiance en l’autorité, la déresponsabilisation, la peur du conflit, la peur de manquer, etc…. Nous vivons dans la peur depuis des années, ce qui a engendré des comportements automatiques de défense, de méfiance et de rejet fragilisant terriblement la confiance en nos compétences et capacités, compliquant l’investissement des ressources humaines, annihilant toute créativité à anticiper les changements qui s’opèrent. Le côté positif est que ce sont certainement ces comportements qui nous rendent aussi forts dans les situations où seule la réaction est possible mais on peut donc aisément comprendre notre infériorité mentale à devenir les premiers.
Observez votre entreprise, votre organisation, trouvez l’orientation des pensées, constatez logiquement les comportements automatiques et vous aurez une mesure de votre compétitivité….