À l’occasion des jeux olympiques Londres 2012, je vous propose lors de cette quinzaine, de décrypter les compétitions les plus attractives sur le plan mental et comportemental. Sur quoi je me base pour prévoir la performance ou expliquer la contre-performance, quelles sont les émotions qui véhiculent les comportements engagés ou comment identifier les routines de concentration et à travers les interviews, comment reconnaître les critères d’un bon mental… Commençons par l’équipe de France de natation !

FOCUS SUR LES RÉSULTATS DE CORALIE BALMY

Alors pourquoi ne pas revenir sur cette journée exceptionnelle pour la natation française avec deux médailles d’or et deux courses mémorables dont il était aisé de comprendre que nos compétiteurs français étaient dans un très bon jour. Tout est dans cette vidéo, au temps 44′, en direct, ce dimanche 29 Juillet avec l’entrée des nageuses pour la finale du 400m, nage libre. Deux françaises sont en compétition aux jeux olympiques Londres 2012, Camille Muffat et Coralie Balmy. Si vous observez  bien cette dernière, fraîchement championne d’Europe, à son entrée dans l’enceinte sportive, la confiance n’est pas là. Sa démarche est à la fois discrète et précipitée par un petit coucou avec ensuite la tête dans les épaules en se défaisant le haut de jogging qui arrive bien trop tôt… Je traduis ce comportement, à ce moment là, comme de l’évitement et le résultat ne sera pas à la hauteur de ses attentes malheureusement. Elle aura également sur le podium des mouvements de relâchement importants qui traduisent un besoin d’évacuer, une tension palpable dans ses comportements sans parvenir à rétablir sa stabilité émotionnelle.

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CAMILLE MUFFAT, DÉTERMINÉE

Ce ne sera pas le cas de Camille Muffat qui fera une entrée déterminée, la tête haute avec une démarche pleine de détermination. Elle acquiescera une petite grimace, comme remerciement sans grand sourire, qui sera plus une marque de respect pour ceux qui l’ont acclamé mais qui démontre aussi un besoin de se recentrer sur sa course. Elle gagnera cette finale 400m des jeux olympiques de Londres avec un temps supérieur à ceux réalisés jusqu’ici et le commentera dans son interview en donnant quelques explications comme « montrer qu’elle se devait d’être présente » . On remarquera donc cette langue qui sort au temps 1.50′ lorsqu’elle découvre qu’elle a gagné, que l’on appelle « langue de vipère » et qui signifie une délectation de ce qui vient d’être fait ou dit, quoi de plus normal dans cet instant là. Le plus amusant, c’est que le commentateur donnera l’explication peu après, en disant qu’elle avait dû affronter des critiques de défaillance récurrente dans les money time. Voilà un joli pied de nez à tous ses détracteurs.

DEUX LEÇONS À RETENIR

Deux leçons à retenir donc, n’imitez pas des comportements qui pourraient passer pour une preuve de confiance alors que vous ne l’êtes pas. Le comportement est la conséquence de ce qui se passe en amont et nous permet, en tant que préparateur mental d’évaluer le niveau de fluidité et de rectifier au cas où, avec des techniques préparées à l’avance. Enfin, lorsqu’on a quelque chose à démontrer, c’est à double tranchant. Dans le cas de Camille, peut-être que ça lui a permis de se dire « aujourd’hui, c’est pour moi » mais d’un autre côté, elle n’était pas à son niveau de fluidité optimal et à ce niveau là, la moindre tension peut-être fatal.

UN CONTEXTE PROFITABLE POUR L’ÉQUIPE DE FRANCE DE NATATION

Quant à nos garçons, au temps 1.25′, c’est certainement une position idéale dans laquelle ils effectuent leur entrée puisqu’ils avaient réalisé le 4ème temps et qu’il n’y avait pas d’attente particulière. Un podium serait une très bonne surprise !! Le contexte leur a été profitable et ils ont su en tirer profit, contre des américains qui paraîtront dissociés et en décalage les uns des autres, dû certainement à un titre et un rang de favori à tenir. Les écouteurs sur les oreilles de 2 d’entre eux ne me paraîtront pas adaptés à cette série en relais et Ryan Lochte, récemment médaillé olympique aura un geste tout à fait incroyable : à plusieurs reprises, il se frottera le nez et dans notre jargon synergologique, il s’agira d’une triple N40 qui signifie que quelque chose ne se passe pas comme prévu, quelque chose que l’on ne sent pas… Tiens donc !! L’histoire retiendra qu’il perd dans les derniers 25m… Etonnant non ?

DE GRANDES PERFORMANCES

La grande performance française est à créditée d’un très bon équilibre entre relâchement, comme le confirme Amaury Leveaux sur le plot avant de partir où on le voit très relâché, et motivation d’équipe apparente au sein du groupe que l’on voit sur les images durant la course. Ils le confirmeront ensuite dans leur interview où ils intègreront à cette victoire l’ensemble des nageurs, dont Alain Bernard, au temps 1.55′. Que dire  de la stratosphérique performance de Yannick Agnel, si ce n’est que son relâchement au départ est tout à fait incroyable à ce moment de la course et que son agressivité, que l’on peut entrevoir grâce à la caméra sous l’eau, est impressionnante avec des mouvements de tête pour accompagner l’entrée du bras dans l’eau comme s’il avait l’impulsion d’un squale…

En conséquence, il s’agit là de commentaires pour expliquer des résultats mais à aucun moment, ceux-ci peuvent les prédire. Au mieux, si ces constations sont faites à l’instant « T », elles pourront faire l’objet d’un réajustement, d’un rééquilibrage car ces attitudes ne sont pas de bons critères émotionnels de performance. On est bien d’accord, ce n’est pas parce qu’on se gratte le nez que l’on perd obligatoirement !! Merci également aux commentateurs de France télévisions de nous avoir fait vibrer de la sorte.

A bientôt.

Yohann Duclos